Salut
les Nours' !
Pour notre
dernier déplacement de la saison, on avait décidé de ne pas faire
compliqué ! Le stade serait facile à
trouver : allée du stade … On ne peut pas plus simple !
__ "Pardon, monsieur, je cherche le stade de
Landiras ? "
__ "C'est simple !", répondit l'autochtone,
vous tournez à droite et c'est là : allez
du stade ! ".
On ne pouvait
pas se perdre. Et pourtant …
Le chauffeur du bus avait mis son GPS en action : "Oh, Putaing ! C'est quoi ce bordel ?"
.
Pour venir dans
l'Entre-2-Mers, il ne fallait ni se tromper entre les 2 routes aux deux intersections
du village, ni confondre les 2 pins avec les poteaux de rugby … qui
n'existaient pas, puisque le stade de Landiras est un stade de foot ...
La contrée n'était
pas sauvage, mais plutôt isolée … une mairie, une église et une allée qui mène
au stade : pas même un distributeur de billets … Bref, vous l'avez compris,
malgré le Global Positioning System,
le bus a eu du retard ! Les quelques 2.000
habitants s'étaient donné rendez-vous et avaient pris le chemin du Stade,
alléchés par les affiches placardées dans tout le canton, annonçant un fameux match
de rugby : les réputés "Rugueux Bipèdes" de Langon devaient y
affronter les féroces "Nounours' Boys" de Pessac … Même le maire du
village avait fait le déplacement : il ne manquait plus que les majorettes !
Heureusement,
l'Académie avait sorti casquettes et bérets, non pas pour encourager ses petits
oursons, mais pour venir voir la dernière sortie officielle de l'homme au béret
rouge. La bière accompagnait encouragements
et cantiques. La confrontation, certes
virile mais correcte des protagonistes, fut, au final, une rencontre
relativement burlesque.
Certes, j'aurai
pu vous parler des belles actions du match, des essais magiques de Yvan, Youcef
et Denis, de la victoire ou des discours de vestiaires, voire même de la
cuisine de Phifi ... Mais, rien de tout cela n'aurait égaler l'unique moment,
celui que tout le monde attendait : l'entrée sur le terrain, pour sa dernière
sortie de mêlée, de l'illustre rubipède. Quelques rotations des épaules pour
éviter de se claquer, des mouvements de tête pour faire défiler les souvenirs
de ces dernières années, une vérification du lacet du short, un ajustement du
dentier et l'œil sévère sur l'arbitre dans l'attente de son autorisation à
pénétrer sur le terrain.
Coup de sifflet
dans la nuit tombante : le soleil a cessé de flirter avec la lune ! Les nuages
ont arrêté leur course … Les écureuils ont grimpé au faîte des pins … Tous les
regards ont convergé vers l'allée d'honneur du stade. On a vu l'homme au béret
rouge courir sur la pelouse à petits pas très serrés et courts, comme un
petit rat de danse, dans sa tenue rouge et verte, et prendre position dans la
ligne offensive. Si la gestuelle est plus émoussée et lente, l'œil est toujours
affûté et le verbe aguerri : "Avec moi
!" ou "Là, à l'intérieur
!", ou encore "Prends-le !". Ces mots, on les a toujours
entendu : on avait l'impression qu'il n'avait pas changé … Le temps s'est figé un
instant ! Haie d'honneur,
applaudissements sincères et amicaux, et petite phrase dans le vestiaire bondé,
ponctuée d'une petite larme nostalgique.
Mesdames et
Messieurs, si vous n'y étiez pas, c'est tant pis pour vous ! Cet instant, il
n'y en aura pas deux et il n'y avait pas de photographe pour immortaliser la dernière
du Meyer d'entre nous …
Bien qu'il faisait un froid de canard, cela valait
le coup d'aller au stade !
Biz - @+
JYB/Knar - le 29.04.2016